« Si je n'ai plus d'argent, je me pends »

Rencontre avec Frédéric, un "Bassy" lyonnais, du nom du triangle d'or Bellecour-Ainay-6e

Frédéric a 16 ans et... 6 000 euros d’argent de poche mensuel ! Une coquette somme qui couvre à peine « ses petites folies ». Son dada ? Les magasins de luxe, qu’il fréquente avec son ami Maxime, étudiant en droit à Lyon III. Sa préférence se porte sur Louis Vuitton, rue Edouard Herriot, où il est toujours bien servi. Il dépense 600 euros à chacune de ses visites, en moyenne une fois par semaine, pour le plus beau bonheur de Mireille, sa vendeuse attitrée. Elle, n’hésite pas à expliquer : « Ce sont nos plus jeunes clients et les plus gros consommateurs à cet âge ». Mais pas question d’en profiter, Mireille sert aussi maman et papa, un industriel de la pétrochimie.

« Quand on est riche, on sort avec des privilégiés de fait. Sinon, on a honte de nos moyens », commente Frédéric. Il a d’ailleurs créé un blog sur la « jdl », comprendre la Jeunesse Dorée Lyonnaise, pâle imitation des Nappy parisiens, pour rassembler les fortunés de Lyon. « Les jeunes aiment se montrer, frimer et claquer du fric. Ils évoluent au sein d’une communauté avec des habitudes et un style vestimentaire communs » constate Sébastien Jaillard, organisateur de soirées branchées et gérant du site Lyonzepeople, qui vise uniquement les privilégiés. Bertrand, issu d’une bonne famille grenobloise, plaisante sur les détails qui permettent de se repérer entre eux. Signes rédhibitoires : une pince dans les cheveux pour les filles ou un grossier mâchouillement de chewing-gum. Aujourd’hui les catégories se mélangent. Par les mariages de particule et d’argent mais aussi parce que les nouveaux riches apprennent les bonnes manières. 

« On peut s’amuser, dépenser et consommer sans se poser de questions tout en ayant une bonne éducation » s’emballe Frédéric, lycéen à Robin, à Vienne. Il n’envisage pas de reprendre l’entreprise familiale. « Je veux créer quelque chose par moi-même pour prouver que je peux réussir comme mon père même si je sais que ce sera dur ». Les rallyes ? Très peu pour lui. « La vieille noblesse s’y prend la tête, l’esprit est trop fermé. On serait mal vus car on nous prendrait pour des nouveaux riches ». Son truc ? Les cocktails, les boîtes où il dépense jusqu’à 2 000 euros pour une table et les soirées à domicile, avec traiteur et Don Pérignon exclusivement.

Il confesse : « Si je n’ai plus d’argent, je me pends. Je devrais abandonner mon train de vie, les voyages, les rencontres... ». Pour vivre, il lui faudrait plus tard « 20 000 euros par mois au minimum ». « Le smic couvre à peine mes frais de champagne » ajoute-il. Provocateur et prétentieux ? Et s’il était tout simplement inconscient ! Malgré ses privilèges, Frédéric continue à rêver : « Je veux écrire mes mémoires. Et un jour partir sans payer ». Fantasme de riche ou projet insensé d’un petit bravache ? A mille lieux de la réalité, il se retrouve complice malgré lui des frustrations de la société, lui pourtant si attachant.

Julie Olagnol

 

 

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