La route entre Srinagar et Leh est très peu empruntée dans sa totalité, mais ne doit pas être uniquement une alternative lorsque la voie Manali-Leh est fermée. C’est un bonheur de traverser les paysages lunaires du Cachemire au Ladakh. Idéalement, ne faites jamais le trajet jusqu’au Ladakh en avion, mais louez une jeep partagée (12 000 Rs au total, pour deux jours) à l’aller et au retour afin de profiter pleinement de ces deux itinéraires.
Etape 1 : Le glacier de Sonamarg
Pendant toute la première journée de route, vous allez rester le nez scotché à la vitre, époustouflé par les paysages qui changent sous vos yeux avant même que vous n’ayez le temps de les prendre en photo.
La première partie du trajet, entre Srinagar et le glacier de Sonamarg, est des plus imprévisibles. Les collines herbeuses laissent rapidement la place à des montagnes recouvertes de conifères, puis de conifères et de neige, puis d’herbe et de neige, puis de pierres et de neige. La fonte des glaces a creusé des sillons dans la montagne. Des nomades avec leurs moutons récupèrent l’eau de la fonte des glaciers. Leurs conditions de vie sont des plus rudes. Ils marchent toute la journée avant d’établir leur camp pour la nuit. La route, d’abord impeccablement goudronnée, devient piste et les voitures et les camions ont toutes les peines du monde à se croiser. Surtout que les chutes de pierres sont fréquentes.
Sonamarg et son glacier Thajiwas constituent une excursion prisée des Indiens qui n’ont jamais vu la neige. Des commerçants proposent des luges pour descendre la pente. Nous leur expliquons que la France est très bien pourvue en la matière. La partie de la route entre Sonamarg et Drass, avec le col de Zoji La (3529 m), est totalement déserte. C’est rare en Inde ! On surprend les regards désespérés des nomades à notre passage. Comment peuvent-ils améliorer leur quotidien dans cet environnement hostile sinon en quémandant un peu de nourriture ? Les montagnes sont à présent faites d’énormes rochers au sommet et de sable gris à la base.
Etape 2 : De Drass à Kargil
Drass détient le record du 2e endroit le plus froid au monde, avec une température historique de - 60 degrés. Nous y déjeunons pourtant en tee-shirt ! C’est un peu la pause de tout le monde : militaires, touristes, Indiens. Après Drass, les montagnes commencent à se peler et la roche prend de curieuses couleurs (vert, violet, marron, etc.). La route longe la rivière et le parcours est de plus en plus sinueux. A chaque virage, une nouvelle montagne majestueuse et tarabiscotée point à l’horizon. A proximité de Kargil, une oasis verte laisse deviner la motivation à bâtir une ville au milieu de ce désert froid.
Nous passons finalement Kargil en milieu d’après-midi. C’est la seule ville importante du parcours et beaucoup de voyageurs y dorment pour la nuit, mais elle ne présente pas grand intérêt. C’est à cet endroit que la route se scinde en deux pour rejoindre Khalsi. La partie nord est interdite aux étrangers et nous prenons la direction du sud. Nous entrons dans le Zanskar, la plus belle chaîne montagneuse du Ladakh. Après Kargil, nous croisons coup sur coup deux petits villages, Shargol et son gompa haut perché puis Mulbekh, inratable avec son piton rocheux.
Etape 3 : Dans le Zanskar
C’est entre Mulbekh et Lamayuru que les paysages sont les plus lunaires. Les montagnes sont essentiellement sableuses et des traces de neige habillent ce tapis de marrons, de jaunes et d’ocres. Des îlots de verts expliquent çà et là la présence de quelques maisons. C’est aussi sur cette portion que nous atteignons les altitudes les plus élevées. Nous nous amusons à convertir les pieds en mètres. Pourtant, les montagnes ne paraissent même plus si hautes. La route est si élevée elle-même que le dénivelé n'est pas important.
La vérité, c’est que ce sentiment d’être au-dessus de tout, loin de tout, est extrêmement jouissif. Il l’est d’autant plus en Inde, alors que nous avons été poursuivis par la foule pendant maintenant près de cinq mois. Je suis enfin vraiment subjuguée par quelque chose ici. Le Zanskar, le Ladakh sont bien au-delà de mes espérances. Il ne s’agit plus de quelques montagnes, ici et là, et encore pas bien hautes. C’est un véritable toit de montagnes tortueuses, enchevêtrées, vivantes, que nous sommes en train de traverser.
Etape 4 : Lamayuru, joyau du Ladakh
Nous arrivons vers 21 heures à Lamayuru qui comprend, contre toute attente, plusieurs hébergements. Ils n’accueillent pas tant des voyageurs en transit comme nous mais des excursions sur deux jours qui partent de Leh. C’est aussi le point de départ des plus beaux treks du Zanskar et du Ladakh.
Lamayuru est le village que l’on voit sur toutes les photos des moteurs de recherche quand on tape "Ladakh". C’est un petit village niché au pied d’une falaise surmonté du Yungdrung gompa. Les maisons blanches, délabrées pour certaines, sont typiques de l’architecture ladakhie. Elles se blottissent les unes contre les autres, nichées sur les flancs de la montagne. Passez la matinée à vous promener dans les ruelles. Méditez avec les moines du gompa. Il règne une atmosphère particulière qu’on ne voudrait jamais quitter. Admirez l’autre côté de la vallée depuis les sommets du village. Avant de reprendre la route…
Etape 5 : Dernière ligne droite avant Leh
La portion de route entre Lamayuru et Leh n’est finalement pas la plus intéressante, à part la portion du Magnetic Hill. La topographie des montagnes est relativement similaire, si ce n’est que les couleurs se démarquent un peu plus. Des militaires Sikhs nous offrent une boisson à base de rose que nous ne savons refuser. Nous arrivons seulement quatre heures plus tard à la capitale.
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