10 h 30, cinq nageurs sauveteurs et leur chef de poste débarquent à Carnon Est, après leur entraînement physique. Déjà, un papy joggeur a fait une chute dans les rochers. Une demi-heure plus tard, le drapeau orange est hissé, risque d’hydrocution oblige : l’eau est à 17 degrés. La journée sera calme.
Une journée calme, c’est quelques petits bobos, une vive, deux oursins et un coup de chaud. Et des centaines de fois la même question : « C’est quoi le drapeau blanc et noir ? ». Ou comme variante : « Où sont les toilettes ? ». Mais Frank Gomez, pompier de métier, a vu bien pire : des bagarres, des enfants inconscients dans l’eau, une noyade le dernier jour de l’été.
Les nageurs sauveteurs se relaient toutes les heures sur les trois vigies qui dépendent du poste. La vigie, c’est un peu la bête noire. Pas de musique, ni de beignets et surtout pas les copains pour plaisanter. Quand on évoque le mythe du maître nageur, Romain confie : « Les filles viennent prendre leur douche juste à côté de nous ou nous demandent de leur étaler de la crème solaire ». Pourtant, les nageurs sauveteurs, loin d’être les guignols d’Alerte à Malibu, ont aussi la tête bien pleine.
Ses poulains, des étudiants qui viennent faire la saison, Frank Gomez les forme à la réactivité. « On ne peut pas éviter l’accident. Les gens sur la plage sont les premiers à nous avertir », explique-t-il. Pour les gros pépins, les hommes quittent le poste après avoir baissé le drapeau. Avec eux : un filin pour attirer les blessés, un KED, sorte de matelas flottant pour les immobiliser, un aspirateur à mucosité, une bavue pour insuffler de l’air et même un défibrillateur semi-automatique.
18 h 30, la journée s’achève. C’est l’heure à laquelle une mamie a choisi de disparaître, abandonnant son sac sur la plage, bientôt dérobé par des voyous. « C’est en fin de journée qu’on a le plus d’incidents ». Le zodic et les jets ski sont parés, et les plages passées au peigne fin. Plus de peur que de mal : elle dînait tranquillement chez elle.
Julie Olagnol
Drapeau noir et blanc : vent de terre, avec risque pour les matelas pneumatiques d’être poussés vers le large. Piqûres de vive : pour faire passer la douleur, marchez dans le sable chaud ou mettez le pied dans de l’eau chaude. Le venin est thermolabile et s’évacue par la chaleur. Epines d’oursin : les épines se cassent facilement dans la chair. Attendrissez-la avec de l’eau chaude et retirez les doucement avant de désinfecter. Vent de sud-est : provoque la houle, soyez vigilent et restez près de la plage. Trous d’eau : en cas de vent de sud, restez éloigné des rochers.
Un an de formation et près de 900 euros d’investissement s’avèrent nécessaire pour devenir maître nageur sauveteur. Il faut passer le Brevet national de sauvetage et sécurité aquatique (BNSSA), le permis bateau, le certificat restreint de radiotéléphonie, les Premiers secours civiques (PSC) et en équipe. L’étape suivante, c’est le Brevet d’état d’éducateur sportif des activités de la natation (BEESAN) pour enseigner et devenir maître nageur.