La tribu quechua de Shiripuno, dans la province du Rio Napo, en Equateur, est un modèle en matière d’ethnotourisme.
Accueil de touristes en cabanes rudimentaires, équipées de sanitaires écologiques ; restaurant communautaire avec uniquement des produits locaux ; organisation d’excursions et de loisirs par les habitants ; vente d’artisanat et démonstrations de danses…Toutes ces activités, uniquement gérées par les membres de la communauté, fournissent du travail et un salaire à tous les habitants.
L’exemple de Shiripuno montre également l’urgence de la sauvegarde des traditions en Equateur, un pays en plein développement, où le modernisme fait rage.
Le développement du village passe par l’accueil de volontaires de l’international, chargés de dispenser des cours à l’école et de prendre part aux travaux d’agriculture, mais la communauté dispose d’autres atouts pour accueillir les touristes. Une agence de tourisme "artisanale" permet notamment aux habitants de percevoir un salaire.
La particularité du projet-pilote de Shiripuno est la gestion de cette activité par l’association de femmes, "Sumak Alli Kausay", guidée par Amélie, une franco-belge et son mari indigène, originaire de Shiripuno.
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http://www.neo-planete.com/2012/08/09/tourisme-solidaire-chez-les-indiens-quechuas-damazonie/
La tribu quechua de Shiripuno est un modèle en matière d’ethnotourisme. Accueil de touristes en cabanes rudimentaires équipées de sanitaires écologiques ; restaurant communautaire ; organisation d’excursions et de loisirs ; vente d’artisanat et démonstrations… Toutes ces activités, uniquement gérées par les membres de la communauté, fournissent du travail et un salaire à tous les habitants.
Il ne faut que cinq heures depuis Quito pour rejoindre Puerto Misahualli, le point de départ pour l’Amazonie, dans la province du Rio Napo. Misahualli est un petit village qui sent bon les vacances. Des singes en liberté accueillent les étrangers. Amélie, franco-belge, responsable de l’association de femmes Sumak Alli Kausay, et son mari Théo, un biologiste originaire du village de Shiripuno, une tribu quechua, les emmènent en pirogue à quelques minutes de là.
Le développement du village passe par l’accueil de volontaires de l’international, chargés de dispenser des cours à l’école et de prendre part aux travaux d’agriculture et de construction. Mais la communauté dispose d’autres atouts pour accueillir les touristes. Une agence de tourisme « artisanale » permet notamment aux habitants de percevoir un salaire.
Ici, commence l’immersion totale pour Anne, lycéenne, et Gauthier, photographe. Logés dans des cabanes équipées de douches et de sanitaires écologiques, ils prendront les repas avec les touristes reçus par la communauté dans l’annexe du village. Première surprise dans les douches : une mygale. Pour les deux Français, c’est leur première soirée à la bougie. Il est vingt heures, ils se couchent épuisés.
« Mes journées sont bien remplies. J’aide à l’accueil des touristes, je fais la vaisselle dans le fleuve, la lessive à la source, tout me prend un temps fou », raconte la jeune fille. Anne ne parlait pas Espagnol lorsqu’elle est arrivée dans la communauté. Cela ne l’a pas empêchée de s’intégrer aux habitants, et quelques mois plus tard, de devenir marraine du bébé de Rosario. De son côté, Gauthier ne restera que quelques semaines. Pour lui, l’objectif est de « vivre avec les locaux. C’est fabuleux, les gamins sont magnifiques. Ils ne savent pas encore marcher qu’ils savent déjà tenir une machette ! ».
La région de Misahualli comprend trente-deux communautés quechuas. Shiripuno est un projet pilote ayant pour objectif de valoriser la culture indigène. « Les indigènes ont été méprisés des siècles durant en Equateur, et le sont toujours dans certaines villes. Présenter leurs traditions ancestrales aux touristes les rend fiers de leur culture », explique Théo, le chef de la communauté.
L’exemple de Shiripuno montre l’urgence de la sauvegarde des traditions en Equateur, un pays en plein développement, où le modernisme fait rage. « Du coup, les Equatoriens rejettent la tradition. Il faut éduquer la population à la consommation afin d’éviter les problèmes de pollution à laquelle d’autres pays ont été confrontés avant nous », poursuit l’indigène. « On leur fait comprendre que la consommation n’apporte rien. Couper un arbre leur rapportera une seule fois de l’argent. Organiser des excursions pour montrer à tous notre séquoia millénaire, leur rapportera dix fois cette somme, et beaucoup de fierté », insiste-t-il.
A Shiripuno, tout se partage. A commencer par les cultures du village : guayusa (une sorte de café sucré), maracujas (fruits de la passion), yucca (manioc) et bananes plantains sont répartis selon la taille de la famille. Au milieu du restaurant communautaire, Soledad donne le sein à Sanni. Marina s’active à couper du yucca dans les plantations. Mercedes le porte sur sa tête aux cochons. La vie des femmes est rythmée par les tâches domestiques, les travaux d’agriculture, l’artisanat et... l’allaitement. Car ici les enfants tètent le sein jusqu’à trois ans ! Et les femmes sont plutôt fertiles : trois enfants aujourd’hui pour les plus jeunes, et jusqu’à seize il y a vingt ans !
Anne et Gauthier s’activent pour préparer le repas du midi ; ce sera des maïto de tilapia. La journée, ils participent à la vie quotidienne de l’association de femmes, prennent part aux travaux d’agriculture, et donnent des cours d’anglais et d’informatique à l’école du village. Ils doivent aussi participer aux mingas, ou travail communautaire. Dimanche, ils devront couper les herbes du terrain de foot à la machette avec tous les habitants. Ceux qui ne s’y rendent pas reçoivent une amende.
Ce soir, la communauté organise une réunion. A l’ordre du jour, l’anniversaire de la fondation de Shiripuno, le 6 décembre. A la majorité absolue, un jour de semaine est choisi pour la célébration. Une occasion de boire quelques bières et de ne pas aller travailler de trois jours. Car ici, on ne fait pas la fête à moitié !
Régulièrement, des touristes, seuls ou via une agence, visitent le village. Les femmes revêtent alors leur plus beau costume - maquicotona pour les épouses, patcha pour les célibataires - pour des démonstrations de danses locales. Pour l’occasion, elles fabriquent la chicha, un alcool fermenté à base de yucca. A présent, elles n’utilisent plus leur salive pour activer ce processus naturel. Elles vivent aussi de la fabrication de colliers à base de graines de plantes locales, regroupés dans une hutte destinée à l’artisanat. Bientôt, un professeur leur enseignera le tricot, pour diversifier leur activité.
Dans les environs, beaucoup de balades sont accessibles avec un guide. Une opportunité rêvée pour Johnny, Eddy et surtout Théo, le chef de la tribu, qui possède aussi une petite agence à Misahualli. Ils guident touristes et volontaires dans la selva, ou pour des excursions en pirogue. Une manière pour eux, de recevoir, comme leurs épouses, un salaire. Touristes et volontaires sont donc invités à découvrir, autour de Shiripuno, une ferme aux papillons, la cascade de Latas, le séquoia géant, les cavernes de Jumandi et diverses marches guidées dans la forêt, de jour et de nuit. L’Amazoonico, un centre de sauvegarde des animaux maltraités ou victimes de trafic, au milieu de la selva, est accessible en pirogue.
Mais ce qui attire surtout les visiteurs, c’est le chaman, et plus spécialement l’ayahuasca, un breuvage à base de lianes qui assure un délire mystique à son consommateur. Pour Cyril et Laurent, spécialement attirés par la défonce, c’est un simple défi. « On va affronter un serpent et un puma », s’enthousiasment-ils. Pourtant, Théo rappelle que « l’ayahuasca ne doit pas se prendre comme une drogue, même si elle en est une ». Pour nos stagiaires de Quito, ce ne sera finalement qu’une grosse frousse mais l’ayahuasca a parfois de lourdes conséquences pour celui qui le prend à la légère…