Moins connu que son cousin brésilien de Rio, le carnaval d’Oruro est le plus célèbre de Bolivie. Il se déroule pendant la semaine qui précède le mercredi des cendres. Pendant trois jours, des centaines de danseurs superbement déguisés, défilent dans toute la ville.
Onze heures. Le défilé a déjà commencé. L’artère principale, habité la veille par les étals des marchands, est maintenant fermée à la circulation piétonne. Les places sur les gradins sont payantes. Les trottoirs bondés. Les plus chanceux parviennent à se faufiler entre les échafaudages mais la vue n’est pas dégagée.
Des dizaines de groupes, fanfare en tête, défilent au son de la Diablada, une célèbre danse avec « China Supay », la diablesse, à sa tête. Elles alternent avec la Morenada, dont les masques des danseurs représentent les Noirs des Yungas et les Caporales, une danse d’influence africaine. Entre deux passages, une bataille de bombes à eau et de mousse entre les spectateurs fait rage. Les touristes, en majorité des Chiliens, des Argentins et des Brésiliens en vacances, sont aux premières loges pour se faire éclabousser.
Incroyable mais vrai, il est déjà 17 heures et le défilé n’en finit toujours pas. Toute la journée, des vendeurs ambulants viennent proposer des plats chauds cuisinés dans la rue ou des glaces. Le soir, le public colonise la fosse. Les badauds se frayent un chemin au plus près des danseurs pour ressentir toute la chaleur de l'évènement. Car la nuit tombe et il commence à faire froid. Le défilé se poursuivra toute la nuit. Les spectateurs se réchauffent à grand renfort de Pisco Sour chauffé avec du blanc d’œuf, l’alcool local. Des dizaines de polladas sont organisées dans un hangar.
L’ambiance est chaleureuse. Boliviens et visiteurs, passablement éméchés, dansent en suivant les fanfares sur une bonne partie du parcours de 6 kilomètres au total. Trois heures du matin, le cortège arrive enfin sur la petite colline del Alba. Une fois sur place, les comparsas, les différentes troupes, se réunissent pour se restaurer et poursuivre la fête. Les danseurs arrivent au compte-goutte pour…entrer dans l’église.
A la fin de la procession, des centaines de danseurs, venus de toute la Bolivie pour participer au carnaval. Au lever du jour, ils pénètrent dans le sanctuaire de la Vierge de Socavon pour se faire bénir. Le rituel bolivien a de quoi choquer. Ivres, certains s’endorment sur les bancs de l’église. D’autres discutent bruyamment ou…continuent de boire ! Sur les murs du bâtiment religieux, une étrange fresque avec des diables, étrangement ressemblant aux masques terrifiants des danseurs de la Diablata.
Le dimanche se déroule plus ou moins comme la journée du samedi, si ce n’est que les danseurs ne portent pas leurs masques. Troisième et dernier jour de festivités, lundi est consacré à des démonstrations des bandas sur la place principale d’Oruro, une ville minière qui ne connaît guère d’agitation le reste de l’année. Certains danseurs se prêtent au jeu d’une séance photo avec l’assistance ou laissent essayer leurs masques.
Pour marquer la fin du carnaval, place Sacovon, l’archange Saint-Michel l’emporte symboliquement sur le diable, au cours d’une courte pièce de théâtre autour des sept péchés capitaux. Il est l’heure pour tous de regagner le terminal de bus et…d’attendre le lendemain pour pouvoir quitter la ville.
Point logement
Il faut réserver son hôtel plus de deux semaines à l’avance. Le prix des chambres quadruple et on vous oblige à rester trois nuits la plupart du temps. Comptez 120 bolivianos minimum la nuit pour une chambre correcte de deux personnes (12 euros) contre 40 (4 euros) habituellement. Beaucoup choisissent de venir juste pour le week-end et ne dorment pas la nuit de samedi à dimanche. Il est aussi possible de trouver un hébergement de dernière minute, souvent depuis la Paz, avec le transport compris. Les habitants d’Oruro laissent des pancartes de location sur le rebord des fenêtres juste avant la fête. Attention à vos affaires si vous avez répondu à l’une de ces annonces.
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